2 de enero de 2016

Jacques Ancet

La voz del mar

Él recuerda. El cenicero, la mesa baja, la ventana y su luz pálida. Ve, pero sin ver. Oye, pero sin oír. Ha levantado un brazo, ha pronunciado algunas palabras y una infinidad de brazos, de palabras se han levantado, han resonado. Y él después, busca. Esta emoción. Él está allí. Escribe palabras. Ya no sabe. Ya no comprende. El otro se ha puesto a hablar y es como si fuera la primera vez. Sí, un comienzo. La mañana o la infancia. Como una luz —y es todas las luces—. Un lugar —y son todos los lugares—. Él espera. Se dice: eso viene pero ya se ha ido. Cree que es el tiempo, pero no. Otra cosa. Como una minúscula efervescencia: hace una cama, camina por una calle cualquiera y eso está ahí. Como una claridad en medio del día, pero sin luz. Sin nada más que decir que algunas palabras, de repente, muy simples —mesa, grito o silencio o noche…— y que insisten. Entonces, las coge: forman pequeños organismos breves, semejantes a caracolas que se llevaría a la oreja para escuchar. O cristales ardiendo en el mismo resplandor multiplicado, ¿pero venido de dónde? Mira a su alrededor: subida de escalera, pared, rostro, lavabo, mañana sobre el cristal. Es como una ola única, silenciosa, invisible. Todas las cosas la reflejan y, al mismo tiempo, en ella brillan, y se apagan. Eso viene, sí, pero está inmóvil. No es nada de lo que él pueda decir algo. Pero habla, a pesar de todo. Para escuchar entre las palabras, como en la caracola. Este vacío susurrante. Él dice ¡silencio!, escuchad. Dice: es la voz del mar.




Jacques Ancet. La voix de la mer (satinea.tumblr.com)
Trad. E. Gutiérrez Miranda 2016


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La voix de la mer

Il se souvient. Le cendrier, la table basse, la fenêtre et sa lumière pâle. Il voit, mais sans voir. Il entend, mais sans entendre. Il a levé un bras, prononcé quelques mots et une infinité de bras, de mots se sont levés, ont retenti. Et depuis, il cherche. Cette émotion. Il est là. Il écrit des mots. Il ne sait plus. Il ne comprend plus. L'autre s'est mis à parler et c'est comme si c'était la première fois. Oui, un commencement. Le matin ou l'enfance. Comme une lumière - et c'est toutes les lumières. Un lieu - et ce sont tous les lieux. Il attend. Il se dit: ça vient mais c'est déjà parti. Il croit que c'est le temps, mais non. Autre chose. Comme une effervescence minuscule: il fait un lit, il marche dans une rue quelconque et c'est là. Comme une clarté au milieu du jour, mais sans lumière. Sans rien d'autre pour le dire que quelques mots, soudain, très simples - table, cri ou silence ou nuit… - et qui insistent. Alors, il les prend: ils forment de petits organismes brefs, pareils à des coquillages qu'il porterait à l'oreille pour écouter. Ou des cristaux brûlant du même éclat multiplié, mais d'où venu? Il regarde autour de lui: montée d'escalier, mur, visage, cuvette, matin sur la vitre. C'est comme une vague unique, silencieuse, invisible. Toutes les choses la reflètent et, en même temps, elles y brillent, s'y effacent. Ça vient, oui, mais c'est immobile. Ce n'est rien de ce qu'il peut dire. Mais il parle, malgré tout. Pour écouter entre les mots, comme dans le coquillage. Ce vide bruissant. Il dit chut!, écoute. Il dit: c'est la voix de la mer.



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