Me quedaré con vosotros hasta la emotiva hora
en que vuestro corazón sea un continente helado
en el gran momento perdido de la carretera.
Cuando todo se hastía y se deforma
en la mirada de foto instantánea de los turistas.
En la tierra en la que no hemos hecho más que amar.
Me hubiera gustado tener tus ojos, padre,
para mirar el mar, para sondear el horizonte
hasta sus inefables y tortuosos refugios.
Pero tan solo me has dejado carreteras
que se entremezclan en las sinapsis
hurañas y fustigadas de mi memoria.
La sonda averiada de un viajero inquieto.
Me hubiera gustado tener tus ojos, madre, para desconfiar,
para mirar hacia el cielo misterioso
en el que se perfilan las conclusiones y los indicios.
Me hubiera gustado tener tu fuerza
para escupir a los obispos,
a sus túnicas doradas,
y a todos los que nos han cogido por el cuello
en nuestros senderos débiles y torpes.
Yo hubiera querido que mi vida fuera portadora
de la absoluta necesidad de las cosas y los seres.
De su urgencia y de su fragilidad
en el vientre de la amenaza.
Y el mar ha quedado entre nosotros
como un interminable lapsus de memoria,
una estatua de sal junto a la autopista.
☛ Herménégilde Chiasson. Outremer (lesvoixdelapoesie.com)
Trad. E. Gutiérrez Miranda 2016
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Outremer
Je resterai avec vous jusqu’à l’heure émouvante
où votre cœur sera devenu un continent glacé
dans le grand moment perdu de la route.
Lorsque tout se blase et se déforme
dans le regard kodachrome des touristes.
Sur la terre où nous n’avons fait qu’aimer.
J’aurais aimé avoir tes yeux, mon père,
pour regarder la mer, pour sonder l’horizon
jusqu’en ses ineffables et tortueux refuges.
Mais tu ne m’as laissé que des routes
qui s’entremêlent dans les synapses
revêches et cravachées de ma mémoire.
La sonde abîmée d’un voyageur inquiet.
J’aurais aimé avoir tes yeux, ma mère, pour me méfier,
pour regarder dans le ciel mystérieux
où se profilent les conclusions et les indices.
J’aurais voulu avoir ta force
pour cracher sur les évêques,
sur leur manteau de dorure
et sur tous ceux qui nous ont pris au collet
dans nos sentiers chétifs et maladroits.
J’aurais voulu que ma vie soit porteuse
de l’absolue nécessité des choses et des êtres.
De leur urgence et de leur fragilité
dans le ventre de la menace.
Et la mer est restée entre nous
comme un blanc de mémoire interminable,
une statue de sel le long de l’autoroute.
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